@@ -945,29 +945,195 @@ Mais la vraie révolution en astronomie, devenue célèbre, et celle de COPERNIC
#### 6 - Les révolutions de l'astronomie à la Renaissance
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Rédigé entre 1509 et 1512, le "Commentariolus" de COPERNIC propose un monde héliocentrique. Cette vision déjà soutenue par ARISTARQUE dix-sept siècles plus tôt, allait mettre près de deux siècles pour s'imposer à l'issue d'un combat contre la vision officielle de l'Église Catholique. Il est intéressant de noter que l'argument pour répondre à l'objection de la parallaxe des étoiles (qui consiste à multiplier par 65 la distance, supposée par PTOLEMEE, à la sphère des étoiles) avait aussi été exprimé par ARISTARQUE. Ce qui va choquer le plus le dogme dominant sera la mise en mouvement de la Terre et sa sortie du centre du monde. Cette rupture sera d'autant moins appréciée par l'autorité qu'elle n'obéit à aucune nécessité observationnelle. Nous avons déjà évoqué avant qu'une description géocentrique aménagée (PTOLEMEE) rendait aussi bien compte des observations que la représentation héliocentrique (ARISTARQUE et COPERNIC) si nous nous en tenons au simple niveau cinématique, ce que fait COPERNIC. De fait, sa proposition apparaît plus comme une révolution conceptuelle relative à la place des hommes dans l'Univers que comme un modèle plus élaboré rendant mieux compte des observations. Le "Commentariolus" et le "De revolutionibus orbium coelestium" constituent davantage une brisure du paradigme officiel assignant, aux hommes, une place particulière dans l'Univers, conforme au dogme religieux, qu'une nouvelle théorie scientifique destinée à rendre mieux compte des mesures. C'est probablement cela l'essentiel qui motiva la mise à l'index, par l'Église catholique, de ces ouvrages. Il est probable que COPERNIC en vint à ce point de vue par une réflexion qui le conduisit à trouver "plus naturel", "moins artificiel", un système héliocentrique que l'ancien géocentrique, compte tenu du système idéologique (implicite?) qui était le sien, en rupture par rapport à l'idéologie dominante de la religion catholique. Il faut dire que dans l'Europe Centrale, la Réforme était en train de s'imposer, même si COPERNIC fut lui-même Chanoine de Cracovie : mais son immense érudition, ses nombreux voyages lui avaient assurément permis d'acquérir une hauteur de vue et une indépendance de pensée susceptibles de le libérer des pesanteur du dogme ... Un autre aspect moins connu des activités de COPERNIC fut sa participation, permanente, tout au long de sa vie, à des observations. Notons que sa conviction était que la dizaine de minutes d'arc constitue une limite ultime pour la précision des mesures angulaires. Il est probable qu'en 1543 rien de mieux n'avait pu être fait. Mais COPERNIC exprime là une préoccupation nouvelle d'importance : la précision des mesures qui, jusque là, n'avait pas été identifiée clairement comme un élément devenant devant retenir l'attention (même si, implicitement, il avait fait l'objet de soins probables ...). C'est pourtant par ce chemin qu'allait passer le triomphe de la perception héliocentrique du monde !
Trois ans après la mort de COPERNIC naissait TYCHO-BRAHE. Il est bien connu que durant sa jeunesse il fut fasciné par les capacités de prédiction de l'astronomie, et il fut témoin de plusieurs événements célestes. Dès 1569-1570, il se fait construire des instruments d'observation (grands quarts de cercle, notamment) et un grand globe. Il développe des projets de "grands instruments", notamment le sextant de 1,8 mètres et un cadran de rayon supérieur à 6 mètres. Avec ces instruments, il pousse la précision des mesures au point ultime accessible sans l'intermédiaire de dispositif optique (en complément de l'oeil), c'est à dire environ la minute d'arc ( voir ci-après, au paragraphe "un exemple de système instrumental : l'oeil humain"). Pour atteindre cette précision, il faut rendre toutes les autres causes d'erreur négligeables devant la limite de résolution angulaire de l’œil (dont la valeur est justement de l'ordre de la minute d'arc). Pour se faire, on sait que TYCHO-BRAHE dressa des tables de correction atmosphérique. On sait moins le détail de ses procédures de mesure, mais il est sûr qu'elles devaient être extrêmement rigoureuses, et probablement utiliser des séries statistiques. Elles devaient aussi avoir recours régulièrement à des ré-étalonnages. Il est sûr, enfin, que les précisions atteintes manifestent une maîtrise technologique des constituants de ces instruments pour contrôler les déformations et limiter les effets thermo-élastiques. Peut-être la maîtrise du bois, constituant essentiel, s'apparentait-elle à la connaissance empirique qui préside encore aujourd'hui à la construction des instruments de musique. Il y a là encore de belles recherches qui restent à faire ... Toujours est-il que TYCHO-BRAHE accomplit un saut qualitatif dans la précision des mesures, et donc dans la description quantitative des mouvements des astres. Une des conditions nécessaires qu'il ne faut pas mettre, était qu'il disposait d'un soutien financier du pouvoir politique. On sait que TYCHO-BRAHE s'était vu accordé l'île de Ven (ou Hven) par le roi du Danemark, créant ainsi un grand observatoire qu'il dirigea pendant 13 ans.
À partir de ces mesures, il conteste le modèle héliocentrique et propose un troisième modèle du monde rappelant celui d'HERACLIDE. On lui doit aussi la publication d'observations qui rendent compte, directement, de faits contradictoires avec le dogme aristotélicien d'un monde supralunaire invariant. La première observation concerne l'explosion de la supernova dans Cassiopée (qui porte aujourd'hui son nom), le 11 novembre 1572. La seconde se rapporte au passage d'une comète du 13 novembre 1577 au 26 janvier 1578. Contradictoirement à ARISTOTE, il localise la comète dans l'espace supralunaire, ce qui constitue un nouveau coup porté au dogme officiel de l'immutabilité du ciel. Après la mort du souverain qu'il l'avait soutenu dans ses efforts observationnels, le nouveau pouvoir politique réduit son soutien financier pour faire fonctionner l'Observatoire de Hven, et TYCHO-BRAHE se rend à l'invitation de l'empereur d'Allemagne. Il y rencontrera KEPLER à qui il lègue la somme considérable de résultats observationnels amassés durant sa vie d'astronome-observateur. Né en Allemagne un quart de siècle après TYCHO-BRAHE, KEPLER devient professeur de mathématiques. Il acquiert une notoriété en publiant à calendrier "divinatoire". Il s'intéresse très vite à l'astronomie qu'il aborde avec un point de philosophique dans le droit fil des conceptions platoniciennes où l'esthétique et la magie des nombres tiennent une place essentielle pour tenter d'expliquer les phénomènes. Il publie un nouveau modèle du monde de type héliocentrique. Dans une correspondance retrouvée, TYCHO-BRAHE critique l'arbitraire des spéculations mathématiques et insiste sur la nécessité de fonder les représentations sur des mesures soigneuses. Inversement, KEPLER pousse TYCHO à publier ses données observationnelles : "il faut s'efforcer de mendier auprès de lui ses observations pour les publier sans altérations et toutes". En possession de la "banque de données" de TYCHO, KEPLER s'engage dans l'étude du mouvement de Mars. En 1609 il publie "Astronomia nova". Dans cette publication exemplaire d'honnêteté intellectuelle, il relate le détail de ses recherches, de ses cheminements, de ses succès et de ses échecs. Une citation peut être retenue " ... en TYCHO-BRAHE un observateur d'une extrême habilité, dont les travaux font apparaître l'erreur de 8 minutes d'arc que PTOLEMEE fait dans son calcul ; il est légitime que nous reconnaissions et que nous utilisions avec gratitude cette faveur de Dieu. Nous devons donc travailler à découvrir enfin la forme véritable des mouvements célestes, en abandonnant toutes ces hypothèses fictives". Nous avons là le texte d'une proposition de programme de recherche tout à fait moderne et convaincante ! Il fait dire à SIMON (1979) : " ... parce qu'aujourd'hui elles ne peuvent plus être négligées, ce sont ces seuls 8 minutes d'arc qui ouvrirent la voie à la complète réforme de l'astronomie". Ainsi, la démarche de KEPLER sera-t-elle doublement novatrice. D'une part il prend appui, en toute clarté, sur un écart entre la prévision d'un modèle et la réalité révélée par la mesure, pour invalider le modèle initial et fixer, par avance, des conditions de validité du nouveau modèle à construire ; ce faisant, il reste au niveau d'une description cinématique du mouvement des astres. Mais la seconde volonté novatrice affichée très vite par KEPLER est de dépasser le niveau simplement cinématique pour accéder à la dynamique des phénomènes, c'est à dire pour identifier les relations entre les mouvements et leurs causes. Cette volonté est affichée dans le titre de la publication qui résultera de ce "programme de recherche" : "Astronomie nouvelle par les causes ou la physique céleste" qui énoncera les deux premières lois de KEPLER, la loi des aires et l'ellipticité des orbites. D'abord limiter à Mars, ces lois sont généralisées et complétées par la troisième loi (de l'invariance du rapport du cube de la valeur du grand axe et du carré de la valeur de la période sidérale). Même s'il n'avait pas "expliqué" les causes du mouvement (il a utilisé la mécanique aristotélicienne, fausse !) et donc s'il n'avait pas atteint son objectif de représenter la dynamique, KEPLER avait franchi un saut qualitatif dans la description cinématique, créant ainsi les conditions de nouvelles recherches pour accéder à une représentation pertinente des relations entre les mouvements des planètes et leur cause.
C'est NEWTON qui apportera la description dynamique vers 1666. Il aurait imaginé d'étendre l'attraction gravitationnelle observée localement par la chute d'une pomme sur la Terre, jusqu’à la Lune, puis en l'appliquant au Soleil jusqu'aux planètes (dans le cadre du modèle héliocentrique complété par les lois de KEPLER). Dans ses "Principes mathématiques de philosophie naturelle", publiés en 1687, il fonde une nouvelle mécanique à partir de trois postulats :
Rédigé entre 1509 et 1512, le "Commentariolus" de COPERNIC propose un monde héliocentrique.
Cette vision déjà soutenue par ARISTARQUE dix-sept siècles plus tôt, allait mettre près
de deux siècles pour s'imposer à l'issue d'un combat contre la vision officielle de
l'Église Catholique. Il est intéressant de noter que l'argument pour répondre à
l'objection de la parallaxe des étoiles (qui consiste à multiplier par 65 la distance,
supposée par PTOLEMEE, à la sphère des étoiles) avait aussi été exprimé par ARISTARQUE.
Ce qui va choquer le plus le dogme dominant sera la mise en mouvement de la Terre et sa
sortie du centre du monde. Cette rupture sera d'autant moins appréciée par l'autorité
qu'elle n'obéit à aucune nécessité observationnelle. Nous avons déjà évoqué avant
qu'une description géocentrique aménagée (PTOLEMEE) rendait aussi bien compte des
observations que la représentation héliocentrique (ARISTARQUE et COPERNIC) si nous
nous en tenons au simple niveau cinématique, ce que fait COPERNIC. De fait, sa proposition
apparaît plus comme une révolution conceptuelle relative à la place des hommes dans
l'Univers que comme un modèle plus élaboré rendant mieux compte des observations.
Le "Commentariolus" et le "De revolutionibus orbium coelestium" constituent davantage
une brisure du paradigme officiel assignant, aux hommes, une place particulière dans
l'Univers, conforme au dogme religieux, qu'une nouvelle théorie scientifique destinée
à rendre mieux compte des mesures. C'est probablement cela l'essentiel qui motiva
la mise à l'index, par l'Église catholique, de ces ouvrages. Il est probable que
COPERNIC en vint à ce point de vue par une réflexion qui le conduisit à trouver
"plus naturel", "moins artificiel", un système héliocentrique que l'ancien géocentrique,
compte tenu du système idéologique (implicite?) qui était le sien, en rupture par
rapport à l'idéologie dominante de la religion catholique. Il faut dire que dans
l'Europe Centrale, la Réforme était en train de s'imposer, même si COPERNIC fut lui-même
Chanoine de Cracovie : mais son immense érudition, ses nombreux voyages lui avaient
assurément permis d'acquérir une hauteur de vue et une indépendance de pensée susceptibles
de le libérer des pesanteur du dogme ... Un autre aspect moins connu des activités
de COPERNIC fut sa participation, permanente, tout au long de sa vie, à des observations.
Notons que sa conviction était que la dizaine de minutes d'arc constitue une limite ultime
pour la précision des mesures angulaires. Il est probable qu'en 1543 rien de mieux n'avait
pu être fait. Mais COPERNIC exprime là une préoccupation nouvelle d'importance : la
précision des mesures qui, jusque là, n'avait pas été identifiée clairement comme un
élément devenant devant retenir l'attention (même si, implicitement, il avait fait
l'objet de soins probables ...). C'est pourtant par ce chemin qu'allait passer le
triomphe de la perception héliocentrique du monde !
Trois ans après la mort de COPERNIC naissait TYCHO-BRAHE. Il est bien connu que durant
sa jeunesse il fut fasciné par les capacités de prédiction de l'astronomie, et il fut
témoin de plusieurs événements célestes. Dès 1569-1570, il se fait construire des instruments
d'observation (grands quarts de cercle, notamment) et un grand globe. Il développe des projets
de "grands instruments", notamment le sextant de 1,8 mètres et un cadran de rayon supérieur
à 6 mètres. Avec ces instruments, il pousse la précision des mesures au point ultime accessible
sans l'intermédiaire de dispositif optique (en complément de l'oeil), c'est à dire environ
la minute d'arc ( voir ci-après, au paragraphe "un exemple de système instrumental : l'oeil humain").
Pour atteindre cette précision, il faut rendre toutes les autres causes d'erreur négligeables
devant la limite de résolution angulaire de l’œil (dont la valeur est justement de l'ordre
de la minute d'arc). Pour se faire, on sait que TYCHO-BRAHE dressa des tables de correction
atmosphérique. On sait moins le détail de ses procédures de mesure, mais il est sûr qu'elles
devaient être extrêmement rigoureuses, et probablement utiliser des séries statistiques.
Elles devaient aussi avoir recours régulièrement à des ré-étalonnages. Il est sûr, enfin,
que les précisions atteintes manifestent une maîtrise technologique des constituants de ces
instruments pour contrôler les déformations et limiter les effets thermo-élastiques. Peut-être
la maîtrise du bois, constituant essentiel, s'apparentait-elle à la connaissance empirique
qui préside encore aujourd'hui à la construction des instruments de musique. Il y a là
encore de belles recherches qui restent à faire ... Toujours est-il que TYCHO-BRAHE
accomplit un saut qualitatif dans la précision des mesures, et donc dans la description
quantitative des mouvements des astres. Une des conditions nécessaires qu'il ne faut
pas mettre, était qu'il disposait d'un soutien financier du pouvoir politique. On sait
que TYCHO-BRAHE s'était vu accordé l'île de Ven (ou Hven) par le roi du Danemark, créant
ainsi un grand observatoire qu'il dirigea pendant 13 ans.
À partir de ces mesures, il conteste le modèle héliocentrique et propose un troisième
modèle du monde rappelant celui d'HERACLIDE. On lui doit aussi la publication d'observations
qui rendent compte, directement, de faits contradictoires avec le dogme aristotélicien
d'un monde supralunaire invariant. La première observation concerne l'explosion de la
supernova dans Cassiopée (qui porte aujourd'hui son nom), le 11 novembre 1572. La seconde
se rapporte au passage d'une comète du 13 novembre 1577 au 26 janvier 1578. Contradictoirement
à ARISTOTE, il localise la comète dans l'espace supralunaire, ce qui constitue un nouveau
coup porté au dogme officiel de l'immutabilité du ciel. Après la mort du souverain qu'il
l'avait soutenu dans ses efforts observationnels, le nouveau pouvoir politique réduit
son soutien financier pour faire fonctionner l'Observatoire de Hven, et TYCHO-BRAHE
se rend à l'invitation de l'empereur d'Allemagne. Il y rencontrera KEPLER à qui il lègue
la somme considérable de résultats observationnels amassés durant sa vie d'astronome-observateur.
Né en Allemagne un quart de siècle après TYCHO-BRAHE, KEPLER devient professeur de mathématiques.
Il acquiert une notoriété en publiant à calendrier "divinatoire". Il s'intéresse très vite
à l'astronomie qu'il aborde avec un point de philosophique dans le droit fil des conceptions
platoniciennes où l'esthétique et la magie des nombres tiennent une place essentielle pour
tenter d'expliquer les phénomènes. Il publie un nouveau modèle du monde de type héliocentrique.
Dans une correspondance retrouvée, TYCHO-BRAHE critique l'arbitraire des spéculations
mathématiques et insiste sur la nécessité de fonder les représentations sur des mesures
soigneuses. Inversement, KEPLER pousse TYCHO à publier ses données observationnelles :
"il faut s'efforcer de mendier auprès de lui ses observations pour les publier sans
altérations et toutes". En possession de la "banque de données" de TYCHO, KEPLER
s'engage dans l'étude du mouvement de Mars. En 1609 il publie "Astronomia nova".
Dans cette publication exemplaire d'honnêteté intellectuelle, il relate le détail
de ses recherches, de ses cheminements, de ses succès et de ses échecs. Une citation
peut être retenue " ... en TYCHO-BRAHE un observateur d'une extrême habilité,
dont les travaux font apparaître l'erreur de 8 minutes d'arc que PTOLEMEE fait dans
son calcul ; il est légitime que nous reconnaissions et que nous utilisions avec
gratitude cette faveur de Dieu. Nous devons donc travailler à découvrir enfin la
forme véritable des mouvements célestes, en abandonnant toutes ces hypothèses
fictives". Nous avons là le texte d'une proposition de programme de recherche
tout à fait moderne et convaincante ! Il fait dire à SIMON (1979) : " ... parce
qu'aujourd'hui elles ne peuvent plus être négligées, ce sont ces seuls 8 minutes
d'arc qui ouvrirent la voie à la complète réforme de l'astronomie". Ainsi, la démarche
de KEPLER sera-t-elle doublement novatrice. D'une part il prend appui, en toute clarté,
sur un écart entre la prévision d'un modèle et la réalité révélée par la mesure, pour
invalider le modèle initial et fixer, par avance, des conditions de validité du nouveau
modèle à construire ; ce faisant, il reste au niveau d'une description cinématique
du mouvement des astres. Mais la seconde volonté novatrice affichée très vite par
KEPLER est de dépasser le niveau simplement cinématique pour accéder à la dynamique
des phénomènes, c'est à dire pour identifier les relations entre les mouvements
et leurs causes. Cette volonté est affichée dans le titre de la publication qui
résultera de ce "programme de recherche" : "Astronomie nouvelle par les causes
ou la physique céleste" qui énoncera les deux premières lois de KEPLER, la loi
des aires et l'ellipticité des orbites. D'abord limiter à Mars, ces lois sont
généralisées et complétées par la troisième loi (de l'invariance du rapport du cube
de la valeur du grand axe et du carré de la valeur de la période sidérale). Même
s'il n'avait pas "expliqué" les causes du mouvement (il a utilisé la mécanique
aristotélicienne, fausse !) et donc s'il n'avait pas atteint son objectif de
représenter la dynamique, KEPLER avait franchi un saut qualitatif dans la description
cinématique, créant ainsi les conditions de nouvelles recherches pour accéder à une
représentation pertinente des relations entre les mouvements des planètes et leur cause.
C'est NEWTON qui apportera la description dynamique vers 1666. Il aurait imaginé d'étendre
l'attraction gravitationnelle observée localement par la chute d'une pomme sur la Terre,
jusqu’à la Lune, puis en l'appliquant au Soleil jusqu'aux planètes (dans le cadre du modèle
héliocentrique complété par les lois de KEPLER). Dans ses "Principes mathématiques de philosophie
naturelle", publiés en 1687, il fonde une nouvelle mécanique à partir de trois postulats :
1. le principe d'inertie,
2. la proportionnalité de l'accélération avec la force d'attraction gravitationnelle pour les planètes,
3. L'égalité de l'action et de la réaction.
C'est cette mécanique qui allait être triompher jusqu'à la fin du XIX<sup>ème</sup> siècle, et étayer l'illusion d'une identité de cette description mécanique à la réalité. Pour construire sa mécanique, NEWTON a beaucoup bénéficié des avancées contestataires de GALILEE, mort l'année de sa naissance. Par exemple, le second postulat de NEWTON dérive directement des résultats de mesures de GALILEE, ceux-ci l'ayant conduit à formuler sa loi de la chute des corps, (voir la "troisième journée" de son "Discours concernant deux sciences nouvelles", et RIVAL (1996)). GALILEE a apporté une contribution essentielle non seulement à l'astronomie, mais au fondement de la physique moderne, et plus généralement à "l'approche scientifique". Pourtant il lui en coûta de s'opposer au dogme officiel du pouvoir en place institutionnalisé par l'Église Catholique. Dès 1614 il fait l'objet de menaces précises. Après la publication de son "Dialogue sur les deux grands systèmes du monde" (1632), il est traîné devant la tribunaux, emprisonné, contraint à se rétracter et condamné à la réclusion à vie dans sa demeure des environs de Florence. C'est une époque où la force physique continue d'être le recouru ultime pour imposer la pensée de la réligion totalitaire, là où elle a conservé le pouvoir. Il y a à peine plus de trois dizaines d'années que les pensées non conformes au dogme officiel avaient conduit Giordano BRUNO au bûcher (en 1600 à Rome) ; simplement parce qu'il avait défendu des idées non officielles et notamment pour avoir plaidé une mobilité de la Terre en utilisant des arguments physiques en cohérence avec une conception galiléenne du mouvement. Il n'en fallait pas plus pour être suspecté d'hérétisme ! Le 20 janvier 1600, le pape CLEMENT VIII ordonna le jugement ; jugé hérétique, il est condamné par le tribunal de l'Inquisition à être brûlé vif, après avoir été torturé. Ses ouvrages sont mis à l'index et brûlés sur la place Saint-Pierre. Lorsque le 8 février 1600, la sentence lui est lue publiquement, il aurait déclaré : "vous éprouvez sans doute plus de crainte à rendre cette sentence que moi à l'accepter" (voir l'ouvrage "L'infini, l'Univers et les mondes", Giordano BRUNO, Berg international éditeurs, 1987). Le 17 février 1600, Giordano BRUNO fut brûlé vif sur le Campo dei Fiori à Rome. Cette érudit qui avait enseigné la physique à Toulouse et à Paris, avait plaidé une Terre mobile dans un Univers infini, contenant une pluralité des mondes ... Ce contexte permet de juger le courage de GALILEE, qui continua le combat d'idées.
La formulation de la loi de la chute des corps par GALILEE fait l'objet de discussion toujours ouvertes (voir notamment FEYERABEND, 1979) mais il est clair qu'en transgressant les apparences entachées d'erreur, GALILEE discerne l'essentiel, la "loi physique" ; ce qui est devenu la règle des sciences d'aujourd'hui ... Mais le mérite de GALILEE ne s'arrête pas là. Il va renouer avec l'ambition "astrophysique" du courant d'idées reliant les matérialismes gréco-romains (LEUCIPPE, DEMOCRITE, EPICURE, LUCRECE, ... etc ...) qui se proposent de connaître la nature des astres (leur "physique") sans faire aucune présupposition. Cette idée est contraire à la doctrine de PLATON et ARISTOTE qui postule une nature idéale "divinement parfaite" pour le monde supralumaire, différente de celle de notre monde sublunaire. Pour y parvenir, GALILEE va contribuer à réaliser un nouvel instrument qui va permettre de franchir un saut qualitatif dans les performances de l'observation.
Vers le début de 1609, GALILEE s'intéresse à un appareil optique connu depuis peu : la lunette. Il conçoit et réalise un instrument performant qu'il utilise au mois d'août dans une démonstration devenue célèbre (voire fiche bibliographique). C'est fin novembre / début décembre qu'il tourne sa lunette vers le ciel pour faire, en deux mois, cinq découvertes majeures :
C'est cette mécanique qui allait être triompher jusqu'à la fin du XIX<sup>ème</sup> siècle,
et étayer l'illusion d'une identité de cette description mécanique à la réalité.
Pour construire sa mécanique, NEWTON a beaucoup bénéficié des avancées contestataires de GALILEE,
mort l'année de sa naissance. Par exemple, le second postulat de NEWTON dérive directement
des résultats de mesures de GALILEE, ceux-ci l'ayant conduit à formuler sa loi de la chute
des corps, (voir la "troisième journée" de son "Discours concernant deux sciences nouvelles",
et RIVAL (1996)). GALILEE a apporté une contribution essentielle non seulement à l'astronomie,
mais au fondement de la physique moderne, et plus généralement à "l'approche scientifique".
Pourtant il lui en coûta de s'opposer au dogme officiel du pouvoir en place institutionnalisé
par l'Église Catholique. Dès 1614 il fait l'objet de menaces précises. Après la publication
de son "Dialogue sur les deux grands systèmes du monde" (1632), il est traîné devant la
tribunaux, emprisonné, contraint à se rétracter et condamné à la réclusion à vie dans sa
demeure des environs de Florence. C'est une époque où la force physique continue d'être
le recouru ultime pour imposer la pensée de la réligion totalitaire, là où elle a conservé
le pouvoir. Il y a à peine plus de trois dizaines d'années que les pensées non conformes
au dogme officiel avaient conduit Giordano BRUNO au bûcher (en 1600 à Rome) ; simplement
parce qu'il avait défendu des idées non officielles et notamment pour avoir plaidé une
mobilité de la Terre en utilisant des arguments physiques en cohérence avec une conception
galiléenne du mouvement. Il n'en fallait pas plus pour être suspecté d'hérétisme ! Le 20
janvier 1600, le pape CLEMENT VIII ordonna le jugement ; jugé hérétique, il est condamné
par le tribunal de l'Inquisition à être brûlé vif, après avoir été torturé. Ses ouvrages
sont mis à l'index et brûlés sur la place Saint-Pierre. Lorsque le 8 février 1600, la sentence
lui est lue publiquement, il aurait déclaré : "vous éprouvez sans doute plus de crainte à rendre
cette sentence que moi à l'accepter" (voir l'ouvrage "L'infini, l'Univers et les mondes",
Giordano BRUNO, Berg international éditeurs, 1987). Le 17 février 1600, Giordano BRUNO
fut brûlé vif sur le Campo dei Fiori à Rome. Cette érudit qui avait enseigné la physique
à Toulouse et à Paris, avait plaidé une Terre mobile dans un Univers infini, contenant une
pluralité des mondes ... Ce contexte permet de juger le courage de GALILEE, qui continua
le combat d'idées.
La formulation de la loi de la chute des corps par GALILEE fait l'objet de discussion
toujours ouvertes (voir notamment FEYERABEND, 1979) mais il est clair qu'en transgressant
les apparences entachées d'erreur, GALILEE discerne l'essentiel, la "loi physique" ;
ce qui est devenu la règle des sciences d'aujourd'hui ... Mais le mérite de GALILEE
ne s'arrête pas là. Il va renouer avec l'ambition "astrophysique" du courant d'idées
qui se proposent de connaître la nature des astres (leur "physique") sans faire aucune
présupposition. Cette idée est contraire à la doctrine de PLATON et ARISTOTE qui postule
une nature idéale "divinement parfaite" pour le monde supralumaire, différente de celle
de notre monde sublunaire. Pour y parvenir, GALILEE va contribuer à réaliser un nouvel
instrument qui va permettre de franchir un saut qualitatif dans les performances de l'observation.
Vers le début de 1609, GALILEE s'intéresse à un appareil optique connu depuis peu :
la lunette. Il conçoit et réalise un instrument performant qu'il utilise au mois
d'août dans une démonstration devenue célèbre (voire fiche bibliographique). C'est
fin novembre / début décembre qu'il tourne sa lunette vers le ciel pour faire, en deux mois,
cinq découvertes majeures :
1. l'observation de la lune révèle une surface rugueuse, contredisant la perfection idéale du dogme aristotéticien.
2. il résout la Voie Lactée,
3. il découvre les quatre gros satellites de Jupiter, "étoile errantes" qui portent un coup de plus au dogme de l'invariance de l'espace supralunaire,
4. il découvre les phases de Vénus, apportant ainsi un résultat observationnel qui s'accorde mieux avec le modèle copernicien qu'avec un modèle géocentrique
3. il découvre les quatre gros satellites de Jupiter, "étoile errantes" qui portent un coup de plus au dogme de
l'invariance de l'espace supralunaire,
4. il découvre les phases de Vénus, apportant ainsi un résultat observationnel qui s'accorde
mieux avec le modèle copernicien qu'avec un modèle géocentrique
5. enfin il met en évidence des tâches solaires.
Sa publication "Sidereius Nuncius" sorti en 1610 reçoit un accueil réservé. La remise en cause des conceptions aristotéliciennes résultant de l'usage d'un nouvel instrument n'est pas sans induire des suspicions ...
Après les cinq découvertes succédant à la mise en oeuvre de la lunette, nous avons là un cas d'école d'un des processus conduisant à l'acquisition de connaissances nouvelles. Ces dernières résultent directement d'un saut qualitatif des performances observationnelles, elles-mêmes induites par une transition qualitative de la technologie utilisée. Beaucoup d'autres cas de type de processus existent, notamment dans l'époque contemporaine, avec l'usage de l'instrumentation astronomique spatiale. Nous y reviendrons, mais n'oublions pas que ce type de processus n'est pas le seul existant ...
Sa publication "Sidereius Nuncius" sorti en 1610 reçoit un accueil réservé. La remise en
cause des conceptions aristotéliciennes résultant de l'usage d'un nouvel instrument
n'est pas sans induire des suspicions ...
Après les cinq découvertes succédant à la mise en oeuvre de la lunette, nous avons
là un cas d'école d'un des processus conduisant à l'acquisition de connaissances
nouvelles. Ces dernières résultent directement d'un saut qualitatif des performances
observationnelles, elles-mêmes induites par une transition qualitative de la technologie
utilisée. Beaucoup d'autres cas de type de processus existent, notamment dans l'époque
contemporaine, avec l'usage de l'instrumentation astronomique spatiale. Nous y reviendrons,
mais n'oublions pas que ce type de processus n'est pas le seul existant ...
#### 7 - L'essor de l'astronomie et son instrumentation au temps moderne