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#### 4 - L'astronomie et son instrumentation<br>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; dans la Grèce antique et l'Empire romain #### 4 - L'astronomie et son instrumentation<br>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; dans la Grèce antique et l'Empire romain
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en cours Beaucoup d'auteurs accordent peu de place à la Grèce antique quand il
s'agit de traiter de l'instrumentation pour l'astronomie. N'est-ce point le résultat
d'une vision trop superficielle qui réduit l'instrumentation des objets inerte ?
Pourtant, des tables astronomiques mésopotamiennes des second et premier millénaires
avant notre ère, aux compilations de Ptolémée (vers +150), que de chemin parcouru
sur le plan des mesures du mouvement des astres, de leur précision et de leur interprétation!
On a aussi beaucoup limité l'astronomie grecque au spéculation de l'époque classique
(de - 500 à moins 300), sans doute à cause de l'éblouissement causé par PLATON et au
poids du dogme aristotélicien qui pesa de manière hégémonique sur près de deux millénaires.
Aujourd'hui encore l'influence de ce dogme persiste et il n'est pas rare de le voir surgir
à nouveau dans des pratiques de recherche contemporaines...
Le monde grec, surtout si on s'intéresse principalement à la dimension culturelle,
se définit davantage par un ensemble de caractères de civilisation que par une localisation
géographique. On a coutume de distinguer une époque "archaïque" (de -800 à moins 500),
une période "classique" (de -500 à -323) et une période "hellénistique" (de -323
à la fin du premier siècle avant notre ère) avant la fusion définitive dans l'Empire romain.
Mais dès l'époque archaïque, la civilisation grecque ne saurait se limiter à une
seule région de la péninsule des Balkans. Aux implantations insulaires et sur la côte
occidentale de l'actuelle Turquie s'ajoutent très vite des colonies et cités-états
en Italie du Sud, en Sicile, Sardaigne, sur les côtes provençales, catalanes, andalouses
et africaines. De fréquences échanges, commerciaux et de peuplement, s'opèrent très vite.
Ces mouvements ne feront que s'accroître, au point de constituer sous Alexandre (vers -330 / -340)
un immense "Empire" s'étendant des colonies de la Méditerranée occidentale à la vallée
de l'Indus, englobant dans cette "Grèce antique", par exemple, la Mésopotamie et l'Égypte.
Ainsi, la Grèce antique peut-elle être vue comme l'étape succédant à la riche civilisation
mésopotamienne, en englobant de très nombreuses contrées même si leur lien politique avec
la Grèce proprement dite fut parfois ténu ou épisodique. Ainsi, par exemple, l'Égypte vécut
une réelle osmose culturelle avec les cités grecques même si des liens politiques de
fédération ou d'assujettissement n'existèrent seulement qu'à la fin de la période classique (- 332 / -330).
Après cet épisode s'ensuivit une "indépendance" de l'Égypte sous le règne des Lagides qui apparaît,
de fait, sur les plans respectivement économique et politique, comme une réelle colonisation
de ce pays par une minorité "grecque". L'époque qui commence vers la fin du III<sup>ème</sup>
siècle avant notre ère fut extrêmement riche sur le plan culturel, très féconde en acquisition
de connaissances nouvelles. Les événements majeurs en astronomie se produisirent désormais
sur le sol égyptien et la capitale culturelle de la "Grèce antique" était devenue Alexandrie.
Le rayonnement de cette cité se perpétua d'ailleurs avec l'annexion de l'Égypte à
l'Empire romain (-30) pour se prolonger encore pendant une demi-douzaine de siècles
au moins. Il est vrai qu'en astronomie, l'Empire romain n'apporta pas un réel renouvellement
des idées ni un élargissement notable des connaissances. Aussi, peut-on inscrire la culture
astronomique des pays colonisés par Rome puis celle de tout l'Empire romain (à partir du 1er
siècle avant notre ère) dans le prolongement continu de l'astronomie "grecque". Il faut se
garder toutefois d'une vue trop réductrice sur cette période qui couvre plus d'un millénaire
et qui se réfère à une zone géographique qui va bien au-delà du pourtour du bassin méditerranéen.
Surtout que ces civilisations connurent des époques très fécondes avec la simultanéité
de représentations de l'univers diversifiées, et quelquefois franchement opposées.
Dès le V<sup>ème</sup> siècle avant notre ère la pensée grecque, si elle reste fortement
influencée par les modèles de la Mésopotamie ancienne, marque très vite une rupture
quant à la perception de la place des hommes dans la nature. Ainsi l'observation
du ciel n'est plus motivée par la nécessité d'identifier le message des divinités,
mais bien plutôt par la volonté de connaître les lois auxquelles obéit le monde.
Ces évolutions de la pensée humaine ont un ancrage essentiellement collectif.
La pensée novatrice d'un individu isolé qui n'est pas relayée par une appropriation
collective d'un groupe humain (pour la traduire ensuite, en actes concrets), reste
en général sans lendemain ; elle disparaît dans l'oubli provisoire ou définitif.
Dans le cas heureux ou le succès social d'une pensée individuelle s'affirme, un
autre problème apparaît : celui d'une reconnaissance de paternité ! Combien de
querelles et de polémiques ont entouré l'attribution de paternité pour les découvertes
importantes ! De sorte qu'il est toujours difficile d'affirmer que telle ou telle
personne est la première à avoir eu l'idée originale ou avoir accompli la découverte
marquante.
La marche d'incertitude ne peut jamais s'annuler ; elle s'accroît d'autant plus
que notre regard se porte sur le passé. Au point que pour l'Antiquité, certains
auteurs mettent même parfois en doute le fait qu'un supposé grand personnage ait
pu exister. Il en est ainsi, par exemple, pour des auteurs dont l'oeuvre originale
supposée ne nous est pas parvenue. Nous ne la connaissons qu'au travers de citations
plus ou moins reformulées. Pourtant, il est commode de jalonnais l'évolution de
la pensée humaine par des noms célèbres qui marquent notre culture. Au fond, même
s'ils ne sont pas les créateurs originaux, même s'ils n'ont jamais existé, leurs
noms restent attachés à une étape marquante de la connaissance ; ils deviennent
une aide précieuse pour un repérage historique. Ainsi, pour THALES, la nature
n'est pas soumise au pouvoir arbitraire des divinités (qui ont d'autres préoccupations !),
mais elle obéit à des lois qu'il faut désormais découvrir. L'objectif de la connaissance
du ciel s'est déplaçé vers une approche "rationnelle" primitive. Toutefois les
représentations de l'univers restent fortement marquées par celles de la Mésopotamie
ancienne. Pour ANAXIMANDRE le ciel est sphérique avec une Terre en forme de cylindre aplatie
(galette). Doit-on à ce penseur l'introduction dans la Grèce antique du gnomon connu
des mésopotamiens ? Certains auteurs lui ont attribué aussi la première fabrication
du cadran solaire, quand d'autres considèrent que son origine vient d'Egypte.
Un des élèves d'ANAXIMANDRE (lui-même élève de THALES) est le célèbre PYTHAGORE.
Même si on ne lui doit pas le théorème qui porte son nom, ce penseur marque durablement
la pensée de son temps. Il est à l'origine de la structuration de référentiels toujours
en vigueur, comme par exemple les sept notes de la gamme chromatique (en référence
au sept "planètes" ?), ou le mot COSMOS désignant le monde "ordonné" dans lequel
nous sommes. Dans le cadre d'un système de pensée philosophique et politique
(autour duquel se constitua une sodalité idéologique qui persista à bien après sa mort),
PYTHAGORE identifia le nombre comme principe premier. L'harmonie de la nature était vue
comme une sorte de reflet de l'harmonie des nombres. Cette idée forte toujours persistante
est probablement une des racines de la pensée de PLATON. PYTHAGORE apparaît bien comme
"l'inventeur" de cet argumentation qui conduit à placer la Terre sphérique au centre
d'un ciel lui aussi sphérique (en raison toujours de ce fameux principe d'harmonie).
Ainsi, à partir d'arguments dont l'abstraction peut surprendre près de six siècles
avant notre ère, l'hypothèse hardie (et contraire aux perceptions immédiates) d'une
Terre sphérique est avancée. La hardiesse de cette hypothèse ne se limite pas à une
question de forme, mais aussi au fait qu'une Terre sphérique doit "tenir en l'air".
Ce courant de la pensée astronomique se poursuit au début de la période classique
avec ANAXAGORE pour qui la Terre plate flotte dans l'air : même si les textes disponibles
disent peu de chose sur le sujet, on ne voit pas comment l'observation n'occuperait
pas une place réellement importante. ANAXAGORE semble bien avoir discerné la nature
des éclipses, et explique que la Lune est éclairée par le Soleil. Avec METON un
effort de rationalisation du calendrier apparaît. C'est à PHYLOLAOS qu'on attribue
la première affirmation que la Terre n'est pas le centre du monde. Elle tourne en
24 heures dans le plan équatorial autour d'un gigantesque feu central. Les autres
astres tournent eux aussi, mais dans un autre plan (l'écliptique). La Lune est
toujours éclairée par le Soleil, lui-même réfléchissant la lumière du feu central.
Il précise le phénomène des éclipses, et redécouvre peut-être la planète Saturne
connue des mésopotamiens et de PYTHAGORE, mais qui avait semble-t-il été oubliée.
Cette représentation atteste à la fois d'une pensée abstraite élevée et d'une réelle
base de connaissances résultant d'un effort persistant d'observation et probablement
de mesures des angles (pour discerner la différence des plans de rotation).
à suivre ...
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#### 5 - L'astronomie et son instrumentation<br>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; au Moyen Âge #### 5 - L'astronomie et son instrumentation<br>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; au Moyen Âge
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