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#### 1 - Le rôle de l'observation dans l'astronomie #### 1 - Le rôle de l'observation dans l'astronomie
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Comment aborder un cours sur "l' instrumentation pour l'astronomie"? La plupart des Qui pourrait prétendre aujourd'hui que les représentations que les femmes et les hommes
se font de l'univers ne dépendent pas de l'instrumentation astronomique ? Comment ces
images somptueuses de nébuleuses, de matière interstellaire ou de galaxies seraient-elles
entrées dans nos représentations du ciel sans les grands télescopes au sol ou dans l'espace,
équipés de récepteurs sophistiqués? N'en a-t-il pas toujours été ainsi ? Poser la
question est y répondre.
Pourtant le rôle joué par l'observation dans l'acquisition des connaissances astronomiques
est objet de débat. Cette question est à rapprocher du problème que gnoséologique traditionnel
sur la fonction des sens dans l'acquisition des connaissances humaines.
<!--!!!!! *Terminologie : gnoséologie*
!!!!! À faire-->
Décliner sous de multiples formes, cette question est évoquée plaisamment par Jean de la Fontaine
dans sa fable "un animal dans la lune".
> "Pendant qu'un philosophe assure
Que toujours par leur sens les hommes sont dupés,
Un autre philosophe jure
Qu'ils ne nous ont jamais trompés.
Tous les deux ont raison ; ... "
et de poursuivre
> "La raison décide en maîtresse.
Mes yeux, moyennant ce secours,
Ne me trompent jamais en me mentant toujours."
!! *Pour aller plus loin : Jean de la Fontaine*
!! A faire
Cette approche dialectique de Jean de LA FONTAINE exprime une idée implicitement
admise dans leur pratique par les astronomes modernes. C'est désormais un truisme
que d'évoquer une action correctrice de la "raison", c'est à dire de présupposés
théoriques pour "interpréter" une observation. C'est aussi une banalité que d'admettre
que la mise en oeuvre des "sens", autrement dits "des observations" est une phase
indispensable dans le processus d'acquisition des connaissances en astronomie.
Ces choses n'ont pas toujours paru aussi claires. Et aujourd'hui encore elles
sont enjeu de débat philosophique ; même si les présupposés en la matière, largement
acceptés dans la pratique et souvent inconsciemment par la grande majorité de la communauté
astronomique, constituent dans les faits le dépassement de la contradiction préconisée
par Jean de la Fontaine !
Cette situation est l'héritage d'une longue histoire de l'astronomie au cours de
laquelle deux principaux courants d'idées se sont affrontés. Cet affrontement pris
corps et se formalisa dès l'Antiquité grecque entre le IV<sup>ème</sup> et leVI<sup>ème</sup>
siècle avant notre ère. Il a subsisté depuis en traversant toute l'histoire du monde occidental.
L'un des courants établit que la perfection abstraite comme principe, premier
ayant une nature divine. PLATON, illustre porte drapeau de se courant philosophique, précise par exemple :
> " ... le dieu, ayant décidé de former le Monde, le plus possible à la ressemblance
du plus beau des êtres intelligibles et d'un Être parfait en tout, en a fait un Vivant unique ...".
Connaître le monde se réduit ainsi à rechercher la perfection abstraite, notamment
des nombres et des formes ; la démarche sera ainsi d'ordre théorique et/ou spéculatif
sans qu'à aucun moment n'apparaisse l'opportunité d'une confrontation à un autre type
de réalité concrète (qui d'ailleurs n'existe pas vraiment dans cette conception du monde).
Dans ce courant d'idées, l'instrumentation n'a pas sa place ; elle est inutile.
L'autre courant d'idée peut être illustré par les propos de LUCRECE ou ceux énoncés
un peu plus de deux siècles plus tôt par ÉPICURE.
> "Le principe qui sera notre point de départ, c'est que rien, jamais, n'est engendré
de rien par l'effet d'un pouvoir divin".
(LUCRECE, page 133 du livre de Marcel CONCHE, édition de Mégare, 1990)
> "Rien ne vient du non-être ... l'univers a toujours été et sera toujours..." (EPICURE)
> "En quoi donc devraient-on avoir la plus grande foi que dans les sens ? S'il nous trompent,
la raison pourra t'elle déposer contre eux, elle qui en est issue tout entière ?" (LUCRECE)
> "En étudiant la nature, il ne faut pas se conformer à des principes sans fondement
et à des lois abstraites, mais être attentif à ce que suggèrent les phénomènes"
(EPICURE, Lettre à Pythoclés sur les Météores)
Ce courant d'idées pose donc comme principe premier que l'univers existe indépendamment
de la conscience que l'on peut en avoir. Pour le connaître, nous allons raisonner à partir
des informations recueillies par "nos sens"("nos observations"). Il est clair que,
dans ce courant d'idées, l'observation ou la mesure occupe une place centrale.
Au point de faire dire à KANT dans sa "critique de la raison pure" : EPICURE ne
dépasse jamais, dans ces raisonnements, les limites de l'expérience.
Mais reconnaissont à KANT l'honnêteté du doute, car il place une note correctrice dans sa déclaration :
> "Tel est l'opposition entre l'Épicurisme et le Platonisme. Chacun d'eux dit plus
qu'il ne sait. Le premier encourage et fait avancer le savoir, mais au préjudice de
l'intérêt pratique ; le second fournit à l'intérêt pratique mais [...] tout ce dont
nous ne pouvons avoir qu'un savoir spéculatif, il permet à la raison de s'attacher
à des explications idéalistes des phénomènes naturels et de négliger par rapport à
eux l'investigation physique."
Sa note a été éclairante :
> "C'est, cependant, encore une question que celle de savoir si EPICURE a jamais
avancé ces principes en qualité d'affirmation objective. Si [...] il aurait montré
en cela un esprit plus véritablement philosophique qu'aucun des sages de l'Antiquité,
que dans l'explication des phénomènes, il faille procéder comme si le champ de la
recherche n'était borné par aucune limite ni par aucun commencement du monde, qu'il
faille admettre la matière du monde comme elle doit l'être, si nous voulons en être
instruit par l'expérience, que l'on ne doit rechercher d'autre origine des événements
que celle qui est déterminée par les lois immuables de la nature, et qu'enfin l'on ne
doive recourir à aucune cause distincte du monde, ce sont là, encore à présent, des
principes très justes, mais très peu observés, qui permettent d'étendre la philosophie
spéculative..." (KANT, Critique de la raison pure).
Ainsi se dessinent les conditions d'une démarche féconde qui permet de dépasser la
contradiction entre l'acceptation de l'observation comme moment fondamental de la
connaissance et la nécessité d'une représentation abstraite du phénomène étudié.
GALILEE illustre dans sa pratique le dépassement concret de cette contradiction,
ouvrant par là l'ère de l'astronomie moderne en adoptant une démarche "scientifique".
À l'idée que le monde "est écrit en langage mathématique", GALILEE ajoute une activité
de développement instrumental. Il associe dans sa pratique de recherche,
1. l'usage concret d'une nouvelle instrumentation
2. l'approfondissement d'une pensée abstraite destinée à dépasser les apparences pour
accéder aux lois essentielles des phénomènes réels.
Ce faisant, GALILEE intègre le courant de pensée, déjà formulé, confusément, par
PYTHAGORE (qui place le nombre au noeud des descriptions de l'univers) avec l'autre
courant, le matérialisme épicurien qui suppose l'existence de l'Univers indépendant
de notre conscience et place l'usage de nos sens (donc l'observation et/ou la mesure
et/ou l'expérimentation) sur le chemin de notre connaissance de l'univers. Ainsi,
contrairement à l'idéalisme philosophique de filiation platonicienne qui borne le
champ de la connaissance à la spéculation abstraite, le matérialisme épicurien devient
fécond dès lors qu'il intègre et dépasse l'horizon de la simple observation (ou de la
perception des sens) en accédant aux besoins de décrire la réalité par une théorie,
si possible écrite "en langage mathématiques". C'est cette confrontation théorie/mesure
qui fondent la démarche scientifique, notamment en astronomie.
Une théorie, une description abstraite d'un phénomène ou d'un objet, ne deviennent
"scientifiques" que si elles sont susceptibles d'induire une prévision (si possible quantitative)
qui pourra ultérieurement être confronté à la réalité par l'observation/mesure/expérience.
Cette confrontation sera un moment essentiel de la validation de la théorie ou de la
description abstraite, moment essentiel mais pas élément exclusif de validation.
La validation d'une théorie passe toujours par diverses étapes dont l'ultime, le débat
épistémologique (pluraliste) ne peut et ne doit pas être exclu.
Ainsi, nous rencontrerons, tout au long de l'histoire de l'astronomie, l'affrontement
entre ces deux grands courants. C'est cette polarisation qui crée le cadre des relations
établies tout au long de l'histoire entre le développement de l'instrumentation astronomique
et les représentations de l'univers. L'histoire de l'astronomie à l'histoire des relations
multiples tissées entre les représentations de l'Univers et les mesures (ou observations)
accomplies grâce à une instrumentation en évolution. À un instant donné l'existence
et la disponibilité d'une instrumentation ont toujours résulté de causes multiples :
volonté des astronomes certes mais aussi des possibilités technologiques et surtout,
de la capacité de disposer des ressources économiques nécessaires (avec tout ce que
cela implique dans l'organisation sociale, économique, politique et culturelle de la société).
L'histoire de l'astronomie et de son instrumentation est éclairante à ce sujet.
Elle permet de mettre en relation d'une part l'instrumentation et les représentations
de l'univers, et d'autre part les activités de recherche (au sein desquels se développent
l'instrumentation) et la société.
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<!--Comment aborder un cours sur "l' instrumentation pour l'astronomie"? La plupart des
enseignements ou des ouvrages publiés sur cette question, limitent leur champ au enseignements ou des ouvrages publiés sur cette question, limitent leur champ au
traitement d'un nombre plus ou moins grand de problèmes que la _physique_ permet traitement d'un nombre plus ou moins grand de problèmes que la _physique_ permet
de résoudre et qui ont un rapport plus ou moins direct avec les instruments (ou le de résoudre et qui ont un rapport plus ou moins direct avec les instruments (ou le
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Guy Serra Guy Serra
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#### 2 - L'astronomie et les préhistoires #### 2 - L'astronomie et les préhistoires
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Quand commence l'astronomie ? Sans doute il y a bien longtemps lorsque la pensée abstraite est devenue accessible aux femmes et aux hommes de la préhistoire. Encore qu'il faille se méfier des mots. L'astronomie de ses époques reculées n'avait de commun avec la nôtre que l'objectif de connaissance de l'univers ; cet univers pouvant souvent se réduire au ciel avec les phénomènes qui s'y déroulent. De plus, le mot "préhistoire" s'applique à des époques et des sociétés humaines qui ne possèdent pas l'écriture. Autant dire que la préhistoire ne peut pas se réduire à un intervalle de temps dans une chronologie universelle de l'évolution humaine. Quand commence l'astronomie ? Sans doute il y a bien longtemps lorsque la pensée
Il n'y a pas une préhistoire, mais de nombreuses préhistoires dans certaines s'achève de nos jours. L'étude des sociétés préhistoriques quasi contemporaines montre toute la richesse culturelle que de telles sociétés peuvent avoir. Malheureusement, l'absence d'écriture établit un certain type de limitation absolue dans l'acquisition et la perpétuation des connaissances. En particulier, le savoir va évoluer sans cesse en perdant la connaissance des états antérieurs. Aussi est-il très difficile, souvent impossible, de percevoir par exemple, quelles étaient les connaissances astronomiques des sociétés préhistoriques de l'Europe occidentale. Certains chercheurs voient dans des monuments mégalithiques, comme celui de Stonehenge en Grande-Bretagne, des observatoires enregistrant les directions caractéristiques des solstices et des équinoxes. Si tel était le cas, le gigantisme dans l'instrumentation astronomique ne date pas d'aujourd'hui ! Mais il est bien difficile de conclure sur ce sujet, à cause de la pauvreté des informations disponibles à ce jour. abstraite est devenue accessible aux femmes et aux hommes de la préhistoire.
Encore qu'il faille se méfier des mots. L'astronomie de ses époques reculées n'avait
de commun avec la nôtre que l'objectif de connaissance de l'univers ; cet univers
pouvant souvent se réduire au ciel avec les phénomènes qui s'y déroulent. De plus,
le mot "préhistoire" s'applique à des époques et des sociétés humaines qui ne possèdent
pas l'écriture. Autant dire que la préhistoire ne peut pas se réduire à un intervalle
de temps dans une chronologie universelle de l'évolution humaine.
Il n'y a pas une préhistoire, mais de nombreuses préhistoires dans certaines s'achève
de nos jours. L'étude des sociétés préhistoriques quasi contemporaines montre toute la
richesse culturelle que de telles sociétés peuvent avoir. Malheureusement, l'absence
d'écriture établit un certain type de limitation absolue dans l'acquisition et la
perpétuation des connaissances. En particulier, le savoir va évoluer sans cesse en
perdant la connaissance des états antérieurs. Aussi est-il très difficile, souvent
impossible, de percevoir par exemple, quelles étaient les connaissances astronomiques
des sociétés préhistoriques de l'Europe occidentale. Certains chercheurs voient dans
des monuments mégalithiques, comme celui de Stonehenge en Grande-Bretagne, des observatoires
enregistrant les directions caractéristiques des solstices et des équinoxes. Si tel
était le cas, le gigantisme dans l'instrumentation astronomique ne date pas d'aujourd'hui!
Mais il est bien difficile de conclure sur ce sujet, à cause de la pauvreté des informations
disponibles à ce jour.
Sans doute aussi, existait-il dans l'Amérique précolombienne des "observatoires"
astronomique de pierre (Le Caracol de Chichen Itza au Yucatan ?) permettant la mesure
d'angles formés par différentes directions des astres "visibles", dont les plus importants
étaient, d'évidence, le soleil et la lune. Il s'en est fallu de peu pour que nous
puissions beaucoup mieux connaître cette "astronomie" et ses instruments puisque
le peuple aztèque, par exemple, possédait une langue et un ensemble de signes constituant
une forme très archaïque d'écriture.
Les Mayas avaient eux aussi, dès le V<sup>ème</sup> siècle, deux types d'écriture primitive.
Malheureusement les conquérants européens, dans leur volonté d'imposer le dogme chrétien,
détruisirent la plupart des manuscrits mayas et aztèques dont beaucoup avaient, pour support,
des écorces d'arbres. Il ne reste aujourd'hui que des monuments de pierre dont une des fonctions
semble bien avoir été celle d'observatoires astronomiques ; des recherches sont en
cours sur ce sujet. D'autres vestiges existent comme, par exemple, un objet en mosaïque,
calendrier aztèque attestant une connaissance du temps corrélé au mouvement des astres.
Indépendamment de l'écriture, des gravures sur roche témoignent de l'intérêt que les
êtres humains ont souvent porté au phénomène du ciel. Des symboles figurants la lune,
le soleil et les étoiles ont été gravés sur de nombreux rochers depuis les Pyrénées
jusqu'en Amérique du Nord. Mais l'interprétation de tous ces pictogrammes demeure
problématique. Il faut attendre l'écriture pour accéder à un ensemble suffisant
d'informations pour caractériser une "astronomie".
Ce n'est probablement pas un hasard si les trois foyers indépendants d'apparition
de l'écriture coïncident parfaitement avec les trois sites où s'est accomplie,
quelques millénaires plutôt et de manière probablement indépendantes, la révolution
néolithique.
Voici environ une dizaine de milliers d'années, des peuples se sédentarisent en Mésopotamie,
en tirant principalement leurs ressources d'une agriculture naissante. Cette révolution
constitue le passage des sociétés préhistoriques paléolithiques (dont l'économie repose
entièrement sur l'exploitation directe des ressources naturelles par la chasse, la pêche
et la cueillette) aux sociétés néolithiques déjà proches des civilisations protohistoriques.
<!--
!!!!! *Terminologie : préhistorique, protohistoriques, historique*
!!!!! À faire.
-->
En moins d'un millénaire, cette révolution économique sociale et culturelle s'étend
tout autour de la partie orientale du bassin méditerranéen, depuis la Grèce jusqu'à
l'Egypte. Durant les deux millénaires suivants cette zone s'agrandit vers le Caucase
et les régions de l'actuel Bulgarie alors que, parallèlement et de manière probablement
indépendante, la révolution néolithique s'opère en Amérique Centrale. Vers 5000 à 6000 ans
avant notre ère, ce dernier foyer s'est étendu sur une bonne partie du Mexique actuel.
Dans le même temps, sur notre continent, les civilisations néolitiques habitent
désormais tout le pourtour de la Méditerranée, sur une frange de terre très étroite
dans la partie occidentale, alors qu'à l'Est l'expansion atteint la vallée de l'Indus ;
une autre zone traverse l'Europe de la mer Noire à la mer du Nord. Simultanément,
et probablement encore une fois de manière indépendante, un troisième foyer de civilisation
néolithique apparaît dans la plaine de Chine, le long du "fleuve Jaune" (Houang-Ho ou Huanghe,
ou encore Huang Hé). Il faudra encore 3,5 millénaires pour que dans cette vallée fertile
apparaissent l'écriture du chinois ancien. Une riche civilisation évoluera dans cette région,
de manière relativement autonome, pendant de très nombreux siècles. Une astronomie se
développera, avec des instruments et des représentations originales de l'univers.
Sans doute, beaucoup de travail reste à faire pour comparer le cours de cet astronomie,
très florissante à certaines époques, avec celle qui s'est développée depuis la Mésopotamie
ancienne jusqu'à l'Europe occidentale de la Renaissance, en passant par la Grèce antique
et l'Égypte.
Mais revenons en arrière, vers la première moitié du quatrième millénaire avant notre ère.
Probablement dans les basses vallées de l'Euphrate et du Tigre, à proximité du Golfe
Persique les sumériens gravent des signes cunéiformes qui constituent la souche commune
la plus ancienne de la plupart des langues parlées et écrites en usage aujourd'hui
(exception faite de celles dérivant de la souche du chinois ancien). Avec l'apparition
de l'écriture, des textes sont écrits qui fournissent quantité d'informations sur
cette civilisation.
Sans doute aussi, existait-il dans l'Amérique précolombienne des "observatoires" astronomique de pierre (Le Caracol de Chichen Itza au Yucatan ?) permettant la mesure d'angles formés par différentes directions des astres "visibles", dont les plus importants étaient, d'évidence, le soleil et la lune. Il s'en est fallu de peu pour que nous puissions beaucoup mieux connaître cette "astronomie" et ses instruments puisque le peuple aztèque, par exemple, possédait une langue et un ensemble de signes constituant une forme très archaïque d'écriture. <br><br>
Les Mayas avaient eux aussi, dès le V<sup>ème</sup> siècle, deux types d'écriture primitive. Malheureusement les conquérants européens, dans leur volonté d'imposer le dogme chrétien, détruisirent la plupart des manuscrits mayas et aztèques dont beaucoup avaient, pour support, des écorces d'arbres. Il ne reste aujourd'hui que des monuments de pierre dont une des fonctions semble bien avoir été celle d'observatoires astronomiques ; des recherches sont en cours sur ce sujet. D'autres vestiges existent comme, par exemple, un objet en mosaïque, calendrier aztèque attestant une connaissance du temps corrélé au mouvement des astres. Indépendamment de l'écriture, des gravures sur roche témoignent de l'intérêt que les êtres humains ont souvent porté au phénomène du ciel. Des symboles figurants la lune, le soleil et les étoiles ont été gravés sur de nombreux rochers depuis les Pyrénées jusqu'en Amérique du Nord. Mais l'interprétation de tous ces pictogrammes demeure problématique. Il faut attendre l'écriture pour accéder à un ensemble suffisant d'informations pour caractériser une "astronomie".
Ce n'est probablement pas un hasard si les trois foyers indépendants d'apparition de l'écriture coïncident parfaitement avec les trois sites où s'est accomplie, quelques millénaires plutôt et de manière probablement indépendantes, la révolution néolithique.
Voici environ une dizaine de milliers d'années, des peuples se sédentarisent en Mésopotamie, en tirant principalement leurs ressources d'une agriculture naissante. Cette révolution constitue le passage des sociétés préhistoriques paléolithiques (dont l'économie repose entièrement sur l'exploitation directe des ressources naturelles par la chasse, la pêche et la cueillette) aux sociétés néolithiques déjà proches des civilisations protohistoriques. #### L'astronomie et son instrumentation en Mésopotamie antique
<!-- *Terminologie : préhistorique, protohistoriques, historique* Les premiers textes qui abordent des questions touchant à l'astronomie sont des environs du XVII<sup>ème</sup> siècle avant notre ère. S'il nous renseignent sur l'astronomie de l'époque, ils révèlent aussi un fond culturel, probablement hérité de civilisations préhistoriques. Après la révolution néolithique va exister une représentation de l'univers proche des apparences perceptibles par nos sens, en même temps que se développe une pensée abstraite déjà très élaborée. Avec l'opiniâtre volonté de se libérer d'une soumission aux forces aux occultes de la nature, la pensée humaine amorce dans la Mésopotamie ancienne un cheminement qui la conduira quelques siècles plus tard au rationalisme grec de l'Antiquité. Dans le même temps, le maintien de conceptions et de pratiques religieuses constitue le fond culturel à l'origine <!--de la Bible et--> des religions monothéistes. Ainsi, la culture mésopotamienne est-elle à l'origine d'une double filiation contradictoire. Cette dualité se retrouve dans l'enchevêtrement de l'astronomie et de l'astrologie dans la Mésopotamie dans la Mésopotamie antique, qui se développe dans la période allant de l'avènement de l'écriture (vers 3200 &plusmn; 200 ans) à la suprématie de la Grèce antique vers 600 &plusmn; 100 ans avant notre ère.
!!!!! À faire.-->
En moins d'un millénaire, cette révolution économique sociale et culturelle s'étend tout autour de la partie orientale du bassin méditerranéen, depuis la Grèce jusqu'à l'Egypte. Durant les deux millénaires suivants cette zone s'agrandit vers le Caucase et les régions de l'actuel Bulgarie alors que, parallèlement et de manière probablement indépendante, la révolution néolithique s'opère en Amérique Centrale. Vers 5000 à 6000 ans avant notre ère, ce dernier foyer s'est étendu sur une bonne partie du Mexique actuel. Dans le même temps, sur notre continent, les civilisations néolitiques habitent désormais tout le pourtour de la Méditerranée, sur une frange de terre très étroite dans la partie occidentale, alors qu'à l'Est l'expansion atteint la vallée de l'Indus ; une autre zone traverse l'Europe de la mer Noire à la mer du Nord. Simultanément, et probablement encore une fois de manière indépendante, un troisième foyer de civilisation néolithique apparaît dans la plaine de Chine, le long du "fleuve Jaune" (Houang-Ho ou Huanghe, ou encore Huang Hé). Il faudra encore 3,5 millénaires pour que dans cette vallée fertile apparaissent l'écriture du chinois ancien. Une riche civilisation évoluera dans cette région, de manière relativement autonome, pendant de très nombreux siècles. Une astronomie se développera, avec des instruments et des représentations originales de l'univers. Sans doute, beaucoup de travail reste à faire pour comparer le cours de cet astronomie, très florissante à certaines époques, avec celle qui s'est développée depuis la Mésopotamie ancienne jusqu'à l'Europe occidentale de la Renaissance, en passant par la Grèce antique et l'Égypte. La représentation de l'univers consiste en une boule creuse ayant deux hémisphères distinctes : l'En haut correspondant au ciel, et l'En bas, déjà identifié à l'enfer.
Les deux hémisphères sont séparés par une couche liquide, la mer au centre de laquelle surnage la terre. La nature de la terre est distincte de celle des autres régions de l'univers ; elle est l'habitat des êtres humains. Beaucoup de phénomènes, notamment terrestres, restent mystérieux ; leurs occurrences ainsi que les forces qui semblent les animer vont être soumises à l'action de divinités. À l'image des structures de la société mésopotamienne, les divinités sont fortement hiérarchisées et une subtile organisation du travail répartit les attributions de chacune. Les divinités demeurent là où les humains ne sont pas : dans le ciel et dans l'enfer. L'intérêt qu'elles portent aux personnes humaines est occasionnel, même si il est clair que face à elles le statut de l'humain est conçu davantage comme celui d'un serviteur que d'un être libre. Inventés et fabriqués par les dieux pour produire par leur travail les biens de consommation et d'usage, les êtres humains étaient en quelque sorte les employés des divinités. Celle-ci leur adressaient leurs consignes au travers de messages écrits corrélés toujours un phénomène occasionnel qui rompait la routine quotidienne. Ainsi, l'écriture se faisait dans des objets accessibles dans l'environnement des êtres humains. Deux catégories d'objets existaient, celle des objets terrestres et celles des objets et phénomènes du ciel. De ce fait, le ciel était d'une sorte de tableau sur lequel tout changement devenait un message à décrypter, message dont le contenu était une prescription pour l'avenir des humains. L'idée d'associer la lecture du ciel à une divination déterminant l'avenir, constitue probablement l'origine principale de l'astrologie ; sa source remonte à la Mésopotamie antique.
De fait, pour identifier le message divin, il convenait de faire la part des configurations invariantes du ciel et donc sans intérêt, avec les changements porteurs d'information. Deux types de besoin en résultaient : bien connaître le ciel invariant et assurer une surveillance continue du ciel. Si le premier pouvait être comblé par des efforts d'individus solitaires, le second nécessitait des moyens en personnel ! Il est probable aussi que, parallèlement à cette "logique de recherche" cohérente avec le système d'idées dominantes, la curiosité humaine tendue vers la volonté de mieux connaître pour mieux maîtriser son devenir a dû jouer un rôle non négligeable. Toujours est-il qu'au premier millénaire avant notre ère la séquence zodiacale était identifiée. Les sept astres majeurs étaient repérés depuis longtemps : à côté du soleil (Shamash) et de la lune (Sîn), les cinq planètes majeures étaient connues : Vénus (Ishtar, nom de la déesse de l'amour), Jupiter ("l'astre blanc"), Mercure ("le mouflon"), Mars ("l'enflammé", sans doute à cause de sa couleur rouge perceptible à l’œil nu) et Saturne ("le constant"). Dès le milieu du second millénaire un "traité" était publié ; il fut remanié et complété jusqu'au milieu du premier millénaire. Une mission des astres est identifiée comme devant définir et régler l'ordre du temps. Ainsi apparaît le besoin de connaître, donc de mesurer, le mouvement des astres, c'est-à-dire l'évolution de la direction dans laquelle on les voit. Est-ce l'origine des premiers instruments d'astronomie connus de manière fiable? Toujours est-il qu'apparaît le gnomon et les polos (voir l'axe "parallèle" de ce cours, partie "Instruments et systèmes instrumentaux").
Mais revenons en arrière, vers la première moitié du quatrième millénaire avant notre ère. Probablement dans les basses vallées de l'Euphrate et du Tigre, à proximité du Golfe Persique les sumériens gravent des signes cunéiformes qui constituent la souche commune la plus ancienne de la plupart des langues parlées et écrites en usage aujourd'hui (exception faite de celles dérivant de la souche du chinois ancien). Avec l'apparition de l'écriture, des textes sont écrits qui fournissent quantité d'informations sur cette civilisation.
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#### 3 - L'astronomie et son instrumentation<br> en Mésopotamie antique #### 3 - L'astronomie et son instrumentation<br> en Mésopotamie antique
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